Par Déborah Roques, le 10 août 2024 à 06h08
Qu’elle soit d’or, d’argent ou de bronze, toute médaille des JO de Paris 2024 s’accompagne d’un diplôme remis aux athlètes avant leur départ. C’est Reprotechnique, petite entreprise installée à Paris, qui a la chance de les imprimer avant de les livrer au village olympique.
Paris (XIIIe arrondissement), le 8 août. L’équipe de Reprotechnique imprime, trie et met sous pli les diplômes des athlètes olympiques. LP/Déborah Roques
Il est 8h30, trois salariés de l’entreprise Reprotechnique, situé à Paris (XIIIe arrondissement), sont déjà à pied d’oeuvre. Andy traite les fichiers envoyés à une heure du matin par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) avec les résultats des médaillés d’or, d’argent, de bronze, mais aussi les athlètes arrivés de la quatrième à la huitième place.
Il lance ensuite l’impression. Au rythme des cliquetis de l’imprimante, les diplômes sortent, habillés du nom de l’athlète, de sa discipline mais aussi de son comité olympique. « Nous pouvons imprimer jusqu’à 1 100 diplômes par jour », explique Olivier Crus, le PDG de l’entreprise.
« Les diplômes doivent être prêts dans les 24 heures »
Il faut faire vite. À 10 heures, le coursier arrive pour récupérer les diplômes et les livrer au village olympique.
« Les athlètes restent très peu après les compétitions, les diplômes doivent être prêts dans les 24 heures », poursuit Olivier Crus. Mais après l’impression, le travail n’est pas fini pour l’équipe de Reprotechnique. Tout doit être trié et mis sous pli.
Les fonds des diplômes, avant qu’ils soient repiqués et personnalisés pour chaque champion olympique. LP/DéborahRoques
Valérie, une autre salariée, s’affaire dans l’atelier de 217 m2. Sur deux grandes tables reposent des petits papiers au nom des pays qui participent aux Jeux olympiques, disposés par ordre alphabétique. Très minutieuse, celle qui travaille depuis près de quarante ans dans l’entreprise dispose chaque diplôme en face du pays qui lui correspond puis les met sous pli.
Un travail de rigueur, où il faut rester concentré pour ne pas se mélanger. Ce mercredi 7 août, environ 120 prix doivent être classés. « C’est une responsabilité, on voit passer les diplômes d’Antoine Dupont, Teddy Riner », confie Andy. Son collègue Valérian rebondit, le sourire aux lèvres : « Les avoir dans les mains, c’est sympa ».
« On a été partie prenante de cette belle histoire »
L’équipe de Reprotechnique agit dans l’ombre. Pourtant, « les impressions qu’on réalise se retrouvent partout dans le monde, au domicile des champions», exprime Olivier Crus avec fierté. Et même si les imprimeurs des diplômes olympiens n’ont pas eu la chance de croiser les sportifs, ils relativisent.
« Ce qui est intéressant c’est de se dire qu’on a été partie prenante de cette belle histoire », se réjouit le PDG. Fan de rugby, quand l’équipe de France olympique de rugby à VII a décroché l’or il était évident pour l’amateur de ce sport de se rendre à l’atelier le lendemain. Le dimanche 28 juillet, Olivier Crus a mis sous pli avec fierté le diplôme aux reflets dorés destiné à ceux qu’il admire d’ordinaire derrière le petit écran.
Quand l’entreprise a répondu à l’appel d’offres pour participer à la grande aventure des Jeux olympiques, Olivier Crus n’y croyait pas trop. « On s’est dit qu’on était une PME franco-française face à des mastodontes, ça allait être compliqué, raconte-t-il. Mais avoir été retenu c’est hyper valorisant, et ça assoit notre compétence et notre savoir-faire face à nos clients. » Une belle histoire pour Reprotechnique, reprise en coopérative par ses salariés en 2013.
Les diplômes livrés au village olympique
Alice, coursière du jour, employée par Cargonautes, se fait une joie de se rendre au village olympique. « C’est cool, je vais peut-être voir des athlètes et ce n’est qu’une fois dans une vie. » Une fois le carton remis, le livreur met environ 25 minutes à vélo jusqu’au quartier général des sportifs.
Invisible du grand public, leur travail est pourtant essentiel. « Ça a l’air simple comme ça mais lors des JO de Londres en 2012 et du Brésil en 2016,des imprimantes avaient été installées directement au village olympique et cela avait été une catastrophe, donc là l’organisation a voulu s’appuyer sur des professionnels », rapporte Olivier Crus. Malgré un travail sept jours sur sept,« on va être triste quand ça va s’arrêter », confesse Valérie. Mais pas de crainte, il reste encore jusqu’au 8 septembre et la fin des Jeux paralympiques, pour en profiter.
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